Réparations…

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Bon, il faut d’abord enlever le moteur
Non, mais c'est cette eau, qu'on boit ?!
Non, mais c’est cette eau, qu’on boit ?!

Une traversée de l’Atlantique, ou, plus généralement, de nombreux jours de navigation ininterrompue entrainent des petits et gros pépins sur un voilier. Si, contrairement à d’autres, nous n’avons pas eu de grosses casses sur Azymuthe, l’arrivée aux Antilles nous a obligés à divers travaux sur le bateau. En premier lieu, le changement du chauffe-eau qui était mort, après 20 ans de bons et loyaux services. Ceux qui me lisent depuis le début se souviendront peut-être de la fuite d’eau dans la cale moteur, à cause de l’échappement en fin de vie. Eh bien malgré cette réparation, l’eau a continué de couler dans la cale, et nous avons donc dû chercher ailleurs. Et Fabrice s’est rendu compte que le chauffe-eau était réglé au maximum du thermostat (80°), le transformant en cocote-minute sous pression. Rongé par la corrosion, il avait des fuites et suintait de partout. On a commencé par mettre le thermostat au minimum pour éviter une éventuelle explosion et on l’a changé ici en Martinique. Evidemment, il faut commander la pièce.

  • Bon, nous avons deux solutions pour votre chauffe-eau. Soit on le fait venir par poste normale et ça va prendre environ deux mois, soit on le fait venir en Chronopost et ça met une petite semaine.
  • Euh, très bien, et dites-moi, les tarifs, c’est quoi ?
  • En poste normale, c’est une trentaine d’euros et en chronopost, ça devrait faire une centaine d’euros…
  • Hum, bien, alors je prends Chronopost.
  • Parfait, on vous fait signe quand le colis est arrivé.
Le résistance du vieux chauffe-eau...
Le résistance du vieux chauffe-eau…

Une semaine plus tard, je reçois un SMS qui m’informe de l’arrivée du chauffe-eau.

  • Euh, Monsieur, y a comme un petit problème avec Chronopost, ce n’est pas vraiment le prix que je vous ai donné… Y en a pour 257.- Euros !
  • Mais comme vous êtes sympa, je vous fais 15% de rabais sur le chauffe-eau, ça compense la différence de prix de Chronopost.
  • Ok, merci bien, mais pourquoi une telle différence ?
  • Parce que le fabricant a emballé votre matériel dans un carton à peu près trois fois plus grand que nécessaire… Pour être certain que le colis arrive en un seul morceau. Et malgré ces précautions, il arrive que des colis soient quand même très endommagés en arrivant ici.

Vu comme ça, je n’ose même pas imaginer comment on se fait livrer de la porcelaine en Martinique… Heureusement, les poules pondent sur place !

Calcaire...
Calcaire…

Si vous imaginez qu’un chauffe-eau de maison est assez difficile à installer ou changer, venez donc essayer sur un bateau. Un espace aussi exigu qu’une cabine téléphonique, une température à côté de laquelle celle d’une cuisine de cantine scolaire à l’heure du coup de feu ressemble à celle d’un frigo, des tuyaux bloqués sur les embouts de la pièce de musée d’origine et un idiot qui vous demande : « Alors Fabrice, ça va ? t’as besoin d’aide ? », alors que lui a déjà de la peine à se retourner pour prendre les outils.

Tout beau, tout neuf !
Tout beau, tout neuf !

A côté de ça, logiquement, un chauffe-eau, c’est une arrivée d’eau froide et une sortie d’eau chaude. Oui, mais pas que. Comme cet appareil ne fonctionne que sur le 220V, il a été prévu de pouvoir chauffer l’eau sans l’aide de la résistance électrique. Le moteur du bateau permet cela sur le même principe que le chauffage de nos voitures, par dérivation du circuit de refroidissement du moteur. Il faut donc que le moteur soit chaud pour que se réchauffe l’eau du ballon.

En principe, une demi-heure de moteur vous assure de l’eau chaude, puis tiède, pour trois jours. Mais évidemment, les chauffe-eau modernes et récents, contrairement au modèle d’origine, ont un sens de circulation de cette eau de refroidissement du moteur. Et oui, tout aussi évidemment, Fabrice a dû faire le montage deux fois, parce qu’il n’y a aucune indication qui dit quel tuyau est l’entrée et quel tuyau est la sortie. Et me voilà avec un nouveau système que je n’utilise que pour la vaisselle, ici, avec les températures qu’il fait, on prend des douches « froides » !

La graisse coule en fait du tube de l'enrouleur...
La graisse coule en fait du tube de l’enrouleur…

Avant de quitter le Cap Vert, on remarque que de la graisse fuit à l’avant du bateau, juste sous le moteur de l’enrouleur de génois. Grimaces de dépit, on pense que le joint SPI du réducteur (le jeu d’engrenage qui se trouve entre le moteur et le tube de l’enrouleur) est fichu et qu’il faut le changer. Pour ce faire, il faut tout démonter, décrocher l’étai, sortir le réducteur et l’ouvrir. Heureusement, sur Azymuthe, son précédent propriétaire, Daniel, a eu l’excellente idée d’installer un étai volant pour y envoyer une trinquette, petite voile de gros temps qui remplace le génois. De cette façon, Le mât continue d’être bien tenu et nous n’avons donc pas besoin de l’assurer sur le ponton avec des drisses.

Nous démontons donc tout le bazar avec en prime la désolidarisation du réducteur du tube de l’enrouleur. Huit rivets à faire sauter, puis un bon maillet en plastique dur est nécessaire pour désemboiter le réducteur du tube de l’enrouleur.  Après le démontage, nous constatons deux choses, d’abord que la graisse continue à couler et que le fameux joint SPI est absolument intact !

Avec ça, l'était est bien protégé !
Avec ça, l’étai est bien protégé !

Fabrice et moi nous regardons avec surprise, mais depuis quand remplit-on le tube de l’enrouleur avec de la graisse ?! Un peu estomaqués, nous filons chez Caraïbe Gréements, puis chez Amel (qui a une antenne régionale, ici au Marin) où on apprend qu’en fait, Amel remplit bel et bien le tube de l’enrouleur avec de la graisse (ils sont les seuls à le faire, je vous passe les détails technique expliquant la chose) et que, dans les zones à températures élevées, il n’est pas rare que cette graisse suinte un peu… Ils ont un joli sens de l’euphémisme, chez Amel. A un championnat de litote, ils assureraient un podium facilement. On a donc démonté pour rien, mais la bonne nouvelle, c’est que le réducteur est en parfait état. Et comme me l’a dit Fabrice, maintenant je sais comment on démonte tout le système de l’enrouleur, au cas où je devrais le faire pour une bonne raison, plus tard. Ah, et les coulures de graisse ont aussi totalement protégé l’étai de la corrosion, il est comme neuf. L’avantage de l’inconvénient.

Voilà donc pour les réparations ou manipulations importantes qui ont dû être faites sur Azymuthe après une première grande étape de plus de trois mois et quatre mille cinq-cent miles parcourus. A part ça, il y a eu quelques bricoles, du genre redresser le bastingage et le balcon avant, pliés à la suite de « contres » du génois et du spi et le changement d’une cosse sur l’alternateur qui recharge les batteries de service. Là, je pensais vous parler de l’électricité du bord, mais c’est un sujet qui est devenu un serpent de mer. Je vous en parlerai donc dans un billet dédié.

Malgré ces petits tracas, tout continue de très bien aller. A bientôt.

7 thoughts on “Réparations…

  1. Genois, driss et tringlette, que de jolis mots qui fleure bon le sel et l’eau!:) C’est toujours un plaisir de lire tes billets mon ami, j’ai l’impression de t’entendre … 😛
    Je me réjouis de lire le sujet suivant … histoire de rester au courant! Bon je sors!

    Bizzzz et au plaisir

  2. Mon cher Olivier,
    La technique finit toujours par rattraper tous les aventuriers 😉 je constate avec plaisir que tu te joues de toutes les embuches que cette technique apporte à ton aventure. Probablement que ta passion pour le bricolage est née de concert avec ton inconditionnelle passion de la 205 Oo
    Bonne route et bon vent.
    Johann

    1. Bien que le Santorin soit un chouïa différent d’une 205, je dois te répondre que non, les 205, contrairement à certaines bizarreries sorties des ateliers de Wolfsburg, ne demandaient aucune réparation, elles ne tombaient jamais en panne… 😋😜😂

        1. Merci Johann ! En fait, sur un bateau, t’as tjs qqch à bricoler… Mais ça fait partie du truc, je le fais avec grand plaisir. Et puis la récompense est à la hauteur des petits tracas… ☀️⛵️🐬

  3. Salut Olivier, merci pour les cartes que tu m’as envoyées, ça m’a vraiment fait plaisir, je t’assure. Ça, c’était pour l’entrée.
    Passons au plat principal : NOM DE DIEU, TU TE FAIS PAS CHIER MON COCHON, BEAU NAVIRE, TRAVERSEE, BELLES ÎLES, BELLES FEMMES, OUAIS OUAIS OUAIS OLIVIER ! T’as raison, il faut vivre son rêve à fond. Vivement pour moi que tu reviennes, qu’on puisse boire un demi thé froid, et pour le restant une chiée de trucs innommables dedans ! Ah, encore une chose : n’abuse pas trop de ces chaudasses, parce que, pendant la traversée du retour, tu vas être tellement crevé, que tu vas te reprendre un coup de bôme dans la gueule ! À bientôt Olivier.

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