Savez-vous comment se surnomme Puerto Calero, notre port d’arrivée sur l’île de Lanzarote ? Bites-en-or ! Non pas que l’endroit soit éventuellement une villégiature pour acteurs porno en pré-retraite, mais parce que tout autour du port, on trouve des bites d’amarrage dorées qui ne servent strictement à rien sauf à « décorer » la marina. Vous avez dit kitch ? Hormis les commerces liés à l’activité du port, Puerto Calero n’est qu’une station balnéaire sans âme. Certes, les gens sont dans l’ensemble gentils et accueillants, mais on sent bien que le lieu n’est pas vivant. Du moins à cette saison. Si je devais définir mon port temporaire d’attache en un mot, alors ‘artificiel’ est ce qui me vient en premier à l’esprit. Heureusement, Lanzarote ne se résume pas à Puerto Calero.
Cette île est étonnante de diversité et de contrastes, son ancrage visuel résultant de sa nature volcanique. La dernière éruption importante qui a eu lieu sur l’île a débuté en 1730 et a duré six ans ! Il en résulte un environnement lunaire, haché, agressif, mais aussi très doux, harmonieux, apaisant. Le sud de Lanzarote présente ce type de paysage très aride, tandis que le nord est plus verdoyant, mais ce n’est pas le vert jurassien ni celui de la campagne vaudoise. C’est un vert mat, un peu terne. Ici, la terre végétale n’existe tout simplement pas, le sol étant fait de caillasse volcanique. Première pensée, mais comment font-ils pour faire pousser quoi que ce soit dans un tel terrain ? Et pourtant, ça pousse et même bien. Enfin, pour la scarole ou les courgettes, vous repasserez. Mais pour la vigne, les palmiers et les cactées, c’est parfait.
Autre particularité, qui, semble-t-il, est commune à tout l’archipel des Canaries, point d’eau douce « naturelle », c’est à dire ni sources, ni nappes phréatiques. L’eau potable qu’on trouve ici provient d’usines de désalinisation de l’eau de mer. Corollaire, cette eau n’est vraiment pas très bonne à boire et elle peut rendre un peu malade. Partout, on vous conseille de ne boire que de l’eau minérale en bouteilles. Autre problème, le processus de désalinisation supprime non seulement le sel de mer, mais également tous les sels minéraux que contient l’eau potable que nous connaissons chez nous. Il est donc indispensable de boire de l’eau minérale.
Afin de pouvoir me promener librement dans l’île, j’ai loué une voiture. Les tarifs pratiqués ici laissent rêveur. A Lanzarote, on loue une petite voiture de tourisme, genre Corsa, pour un mois, au prix de cinq jours en Suisse ou en France. Et tout est compris, kilométrage illimité, sans franchise en cas de pépin, et avec GPS. Cerise sur le gâteau, on vous remet encore une jolie carte de l’île où toutes les curiosités intéressantes sont mentionnées. Précisons encore que les voitures sont récentes et en excellent état d’entretien. Ici, pas de stress sur la route, les gens sont détendus, aucune agressivité, jamais un coup de klaxon, jamais une insulte, mais plein de sourires. Partout.
De manière générale, hors lieux très touristiques, les autochtones sont très accueillants et souriants. Il suffit d’entrer dans une bodega locale ou une guinguette de bord de mer pour s’en rendre compte. Vous ne parlez pas espagnol ? Aucun problème pour peu que vous possédiez quelques rudiments d’anglais ou d’allemand. On trouve même parfois des gens parlant très bien le français, et pas forcément dans les endroits les plus fréquentés. Ainsi, je suis tombé sur un propriétaire de restaurant qui parlait parfaitement le français à El Golfo, minuscule village du bord de mer sur la côte Ouest de l’île. Evidemment, le fait que ce monsieur ait vécu pendant plus de dix ans à Tours expliquait cela.
Très vite, je me suis orienté sur la production locale de vins. C’est une habitude que j’ai adoptée et qui me vient de mes parents ; lorsque je vais quelque part, j’essaie de consommer des produits de la région. Et à Lanzarote, ladite production est conséquente ! Soyons honnêtes, on trouve de tout, de ce qui ressemble à du pétrole mal raffiné à de véritables nectars. Rien de plus sympa, après une visite de l’un ou l’autre des sites, que de s’installer sur la terrasse d’une bodega ou d’un bar et de commander un ou des tapas avec une « copa di vino blanco » ou de « vino tinto de la casa ». Contrairement à la plupart des vins ouverts qu’on trouve chez nous, les vins au verre sont sont souvent de très bonne qualité. Même lorsque vous vous laissez un peu aller à la dégustation, pas de désagréable barre au-dessus des sourcils, non plus que d’aigreurs ou de brûlures d’estomac le lendemain. Autre spécificité espagnole, lorsque repu et désaltéré vous demandez l’addition, toujours ridiculement basse, on vous apporte en même temps un petit verre de liqueur locale, le coup de l’étrier canarien !
Quant aux contrôles de police, je n’en ai pas vu un seul en un mois passé à sillonner l’île. Attention toutefois à ne pas sortir de la route, ici, la moindre erreur peut être fatale. Les routes qui traversent les champs de lave n’ont pas d’accotement et les bas-côtés sont hérissés de roche volcanique. Comme l’île est très montagneuse, vous risquez aussi la chute de plusieurs dizaines de mètres, les glissières de sécurité étant aussi rares que les contrôles de police. De jour pas de problème particulier, mais de nuit, sans piquets de signalisation et souvent en l’absence de lignes blanches, on devient très très prudent. Petit truc pour ceux qui viendraient en vacances, ne pas hésiter à se laisser dépasser par les autochtones et les laisser ouvrir la route. Eux connaissent le coin et ne roulent pas vite. Bien, et à part boire des verres et se remplir l’estomac ?
Eh bien Lanzarote propose plusieurs sites qu’il faut absolument visiter. Le plus impressionnant, visuellement, est la montagne de feu et le parc naturel de Timanfaya. Il s’étend tout autour du volcan à l’origine de cette fameuse éruption qui a eu lieu entre 1730 et 1736. On y accède par la route et ensuite, on monte dans un car qui propose une bonne heure de balade dans le site. C’est tout simplement ahurissant, l’impression d’être au milieu de nulle-part dans un décor de désolation. De la caillasse, du sable et des champs de lave à perte de vue.
Seul bémol, on ne peut pas descendre du car pour prendre la mesure du site à l’air libre. Au point de départ de la visite, il y a un restaurant (à fuir) où l’on vous propose des grillades cuites à la chaleur du volcan. Et quelques démonstrations de la puissance volcanique avec de l’eau qui jaillit en geysers de vapeur et des fagots qui s’enflamment tous seuls au contact de la roche. En fait, à cet endroit, l’épaisseur de la croûte terrestre est de deux mètres à peine. Même lorsque ça souffle fort, vous avez les pieds au chaud. Poser la main sur le sol est une expérience également intéressante qui vous faire sentir la puissance thermique du lieu. L’un dans l’autre, un énorme plaisir des sens.
L’autre site à ne pas rater, c’est « El mirador del Rio », qui offre un panorama à couper le souffle sur l’océan et l’île de La Graciosa. Même pour les Européens qui connaissent les panoramas des Alpes ou du Jura, ça reste une expérience forte. Le Mirador del Rio est situé à l’extrême nord de l’île et permet aussi de découvrir un Lanzarote plus vert. Comme dit précédemment, rien de comparable à nos humides contrées, mais la végétation prend visuellement le dessus sur la roche. La nature est quand même extraordinaire quand on voit sur quoi poussent et croissent de petites fleurs et autres buissons ou cactées. L’impression d’aridité est encore renforcée par la rareté des fleurs. Peu de couleurs, sauf lorsque on tombe sur de magnifiques bosquets de bougainvillées aux couleurs vives. On les trouve essentiellement dans les villes et villages, presque jamais dans la nature.
Au chapitre des curiosités à voir, il y a encore le jardin des cactus et la salle de concert souterraine creusée dans la roche volcanique. Le jardin des cactées est une sorte de Colisée ovale où l’on trouve tout ce que le monde recèle de cactus et autres plantes de la même famille. Plus de mille variétés s’y côtoient. On s’y promène volontiers pendant presque deux heures et l’endroit ferait le bonheur de ma soeur et de mon amie Aline, toutes deux passionnées de jardins. Le profane que je suis n’a sans doute pas apprécié le lieu à sa juste valeur botanique, mais j’ai eu une pensée émue pour les familles nombreuses qui visitent l’endroit avec des enfants turbulents. Alors, c’était bien cette visite des cactus ? Oui, super, on a passé une soirée à épiler les enfants…
« Jameos del Agua » est le nom du site où l’on trouve une salle de concert à l’acoustique extraordinaire ainsi qu’une mare souterraine qui abrite une variété très rare de crustacés ; de minuscules crabes blancs et aveugles. Personnellement, je n’ai pas été emballé par le lieu, probablement parce que j’y suis arrivé en même temps que deux cars de « conkodaks » comme les appelait F. Dard. L’endroit abrite un restaurant-bar souterrain, la fameuse grotte aux crabes blancs, une piscine artificielle et la salle de concert. J’imagine que pour apprécier véritablement cette salle, il faudrait y écouter l’un des nombreux concerts qui y sont donnés régulièrement à la belle saison. La partie la plus intéressante est la « maison des volcans », laquelle est en fait un musée de la volcanologie de l’archipel canarien. Seul regret, aucune information en français, comme presque partout sur l’île. Pour profiter des explications, il est presque indispensable de comprendre soit l’allemand, soit l’anglais, ou, évidemment, la langue de Cervantès.
Pour terminer ce (très) long billet, il convient de relever la contribution du peintre, architecte et sculpteur lanzarotien César Manrique. Manrique est à Lanzarote ce que Gaudi est à Barcelone. Tous les sites importants de l’île ont été « mis en scène » par Manrique. Cela donne une unité visuelle très agréable à l’ensemble. Manrique a largement contribué au développement culturel de Lanzarote. Une fondation-musée Manrique est également visible, mais je n’ai jamais pu la visiter, faute d’y aller pendant les heures d’ouverture.
Pour le reste, j’ai eu énormément de plaisir à me promener dans l’île, j’y ai vu des choses étonnantes, rencontré des gens extraordinaires de gentillesse et j’ai surtout profité de la douceur du climat. Il est presque 16h, ce 17 décembre, et je vous écrit du carré, en short et à torse nu (non, pas de selfie), parce qu’il fait simplement trop chaud au soleil dans le cockpit. Je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée émue pour vous qui ne pouvez sortir sans habits chauds, gants et bonnets. Sauf pour celles et ceux qui sont en altitude, et au soleil, petits veinards.
Demain, il sera temps pour moi de quitter Lanzarote et me rendre à Las Palmas, afin d’y retrouver mon ami Stéphane et son fils Paolo, lesquels vont être mes nouveaux coéquipiers jusqu’au Cap Vert. Puisqu’on parle de visiteurs et équipiers, je profite aussi de remercier chaleureusement mon ami Joël, médecin du Vigan qui m’a rejoint ici il y a une semaine et qui rentrera dimanche chez lui. Quel bonheur de pouvoir parler et échanger avec un francophone, et qui plus est un francophone cultivé et qui s’intéresse à tout. Merci Joël d’avoir partagé ces quelques jours avec moi, tu reviens quand tu veux ou peux.
Galeries : Lanzarote & Jardin des cactées
Une fois encore un immense merci pour ce nouveau billet, quel plaisir de te lire!, sourire à tes anecdotes……et admirer ces photos qui me sont un peu « familières »……Contente de savoir que tu as profité de cette île, qui semble au premier abord pas accueillante, il est vrai que c est faux……..bon vent pour Las Palma et bonne retrouvailles avec Stéphane.
Au plaisir de te relire, merci merci pleins de bisous
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