Gibraltar – La Graciosa

Rocher de Gibratar - 6.11.15 à 17h30
Rocher de Gibratar – 6.11.15 à 17h30
Capture écran samedi 8h00
Capture écran météo samedi 8h00

Depuis Fuengirola, on descend gentiment sur Gibraltar d’abord à voile seule, puis, quand on se rend compte qu’on doit absolument être vers 17h30 à Gibraltar pour espérer les meilleures conditions possibles, on rajoute un peu de moteur. Pourquoi 17h30 ? Pour avoir le courant de marée dans le bon sens avec un vent d’Est idéal de douze à dix-huit noeuds qui forcira le lendemain et pour deux ou trois jours. Et c’est exactement ce qu’on a eu. Je le souligne, parce que c’est peut-être la seule prévision fiable et corrélée qu’on ait eu en neuf jours de navigation, et même depuis le départ de Port-Camargue.

1er lever de soleil sur l'Atlantique
1er lever de soleil sur l’Atlantique

On glisse sans aucun problème ni aucune alerte entre les divers cargos, pétroliers en route ou en mouillage d’attente. On se faufile en compagnie lointaine d’autres plaisanciers en direction de Tarifa qui marque le passage de la Méditerranée dans l’Atlantique.

Bienvenue dans un autre monde, celui de l’océan, de sa dimension, de sa puissance. On est passé de nuit presque sans lune, mais le bruit de l’eau sur la coque, son rythme de brassage, sont autant d’indices de changement. On n’est plus ballotté de la même manière. Et on a perdu une dizaine de mètres d’altitude… Eh oui, la Méditerranée se jette dans l’Atlantique. Gibraltar, c’est aussi pour nous l’occasion de couper le moteur. On ne le remettra qu’en vue de Caleta de Sebo à la Graciosa, six jours plus tard.

Ah, et on a changé de fuseau horaire. Depuis Tarifa, nous sommes TU. Temps Universel de référence en navigation et aéronautique calqué sur le méridien anglais de Greenwich (GMT).

Respiration océane …

Sur l’océan, tout est plus long, il semble aussi plus vivant. L’horizon bouge, toute cette masse d’eau en mouvement donne l’impression d’une calme respiration. C’est à la  fois impressionnant et apaisant. Voir la courte vidéo ci-dessus.

Bon, j’ai la priorité, mais je vais sagement le laisser passer, celui-là…

La nuit qui a suivi le passage de Gibraltar a été très attentive à cause du trafic important de la navigation commerciale. Nous avons croisés beaucoup de cargos et de pétroliers, parfois assez près de nous. Pascal a même dû se dérouter brièvement pour garder une bonne distance de sécurité avec un cargo qui nous avait contacté par radio dans ce but.

Nous avons fait le choix de continuer pendant 24 heures plein ouest avant d’arrondir en direction de Madère, puis des Canaries. De cette façon, nous n’avons pas eu besoin de couper les trajectoires des gros bateaux de commerce. Lorsque nous avons enfin commencé à prendre un cap sud-sud-ouest, le gros de la circulation avait disparu. Lors de notre descente sur La Graciosa, nous sommes restés à cent-cinquante kilomètres minimum des côtes africaines et les bateaux que nous avons croisés étaient visibles sur le radar ou l’AIS, mais pas à l’oeil nu autour de nous.

De fait, ces cinq jours ont été très tranquilles, nous avons eu le temps de bien manger et nous reposer sans aucun stress. Nous avons même pu envoyer notre spi asymétrique pendant quelques heures.

Salut Flipper !
Salut Flipper !

Et surtout, nous avons eu la visite d’une colonie de dauphins pendant une bonne heure. Quand je dis une colonie, je devrais plutôt dire un banc. Il y en avait des dizaines, des adultes, des nouveaux-nés, ils ont joué avec nous, ou plutôt avec le bateau. Leur grâce, leur agilité et leur vitesse de déplacement sont absolument stupéfiantes. A droite, à gauche, devant, derrière, il y en avait partout. Problème, ils sont très difficiles à photographier, non pas qu’ils soient timides, mais ils sont tout simplement trop rapides et ne sautent hors de l’eau que très peu et trop loin  de nous pour en faire de bonnes images. Je les ai cependant filmés, vous pouvez les voir (pas très bien, malheureusement) dans la petite vidéo à la fin de ce billet. Ce fut LE moment magique et émouvant de ces cinq jours. Un magnifique cadeau ! Comme les conditions que nous avons eues pour passer Gibraltar et ensuite descendre sur les Canaries.

Petite pause à 200 km de la côte
Petite pause à 200 km de la côte

Mais les dauphins n’ont pas été notre seule visite. A plusieurs reprises, nous avons eu la surprise de découvrir des oiseaux, visiblement fatigués, voire épuisés, faire escale sur Azymuthe. Il ne sont pas forcément moins difficiles à photographier que les dauphins, mais j’ai quand même réussi à en immortaliser un, perché sur le bastingage arrière du bateau. L’un d’eux est même resté presque une heure vers nous, sautillant de part et d’autre du bateau sur les filières, les espars et le pont, avant d’aller se planquer dans l’annexe accrochée sous le portique. Prudence oblige, il n’a cependant pas tenté de visiter le carré ni même le cockpit. On a essayé, sans succès, de nourrir ces éphémères compagnons de voyage avec des miettes de pain, mais l’instinct et la peur les ont empêchés de profiter de notre pauvre manne séchée.

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Au portant sous spi

Autre magie de la mer et de l’océan, le plancton lumineux. Encore plus difficile à photographier que les dauphins. Pas plus difficile, en fait, tout simplement impossible. Prendre des photos de nuit depuis un bateau qui navigue, c’est comme demander à un presbyte qui a perdu ses lunettes d’enfiler du fil dans le chas d’une aiguille avec des moufles, sur un télésiège un jour de grand vent.

Dans certaines zones, la nuit, en l’absence de lune surtout, nous traçons un sillage lumineux derrière nous et laissons filer à nos côtés des vaguelettes à crêtes argentées. Ephémère lueur spectrale qui se dilue aussitôt dans l’obscurité reprenant ses droits. Ce qui est étonnant, c’est que la luminescence est provoquée par notre passage, donc créée par le frottement de la coque contre ces micro-organismes marins. J’ai passé une bonne partie d’une de mes veilles à contempler ce spectacle dont on m’avait parlé, mais que je n’avais jamais vu personnellement. Ca scintille comme des cristaux de poudreuse vibrant sous la lumière sélène. Magique, je vous dis…

5 minutes 45 pour résumer 9 jours de voyage

Jeudi 12 novembre dans l’après-midi, nous avons finalement atterri à La Graciosa dans des conditions de vent soutenu. Plus précisément à Caleta de Sebo, seul village habité à l’année de cette île volcanique très sauvage.

Galerie : Carthagène – La Garciosa

6 thoughts on “Gibraltar – La Graciosa

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