Atlantic Crossing

Vagues...
Vagues…

Cul-de-sac du Marin, vendredi 29 janvier vers vingt-deux heures, 24°, légère brise vespérale sur un bateau totalement immobile, mouillé dans la baie. Après douze jours à avoir été roulé en permanence, le contraste est saisissant, savoureux, apaisant.

Petit retour en mai 2015.

  • Alors, tu t’es acheté un bateau de camping ? C’est pas avec ça que tu risques de battre des records !
  • Je m’en fiche, je n’ai pas acheté un bateau pour battre des records, j’ai choisi un voilier adapté à la navigation au long cours. Solide, marin, sécurisant et confortable.
Jolie moyenne sur plus de 5 heures
Jolie moyenne sur plus de 6 heures

Eh bien visiblement, ledit bateau de camping avance bien, très bien même ! Sept virgule trois noeuds de moyenne pendant trois cent-une heures pour parcourir deux mille deux cent miles nautiques. Comme vous avez la flemme de calculer ça, en bons terriens que vous êtes, ça signifie 4070 km à 13.5 km/h.  En clair, une traversée de l’Atlantique en douze jours et demi. Les spécialistes vous le diront, en plaisance, une telle étape, c’est de deux à trois semaines. Un Français croisé à Mindelo qui l’a déjà fait quatre fois, a mis 16 jours dans le meilleur des cas.

Alors quoi, avons-nous pris des raccourcis ? Courbé le temps à la manière d’Einstein ? Eu des conditions exceptionnelles ? Rien de tout ça. Pour ce qui est des conditions, on n’a même été plutôt défavorisés. Au moment de partir, vers le 10 janvier, une grosse dépression, de celles qui balaient le nord de l’Atlantique entre les Etats-Unis et l’Europe, descend subitement vers nous, déréglant complètement le régime des alizés. En conséquence, notre départ est retardé jusqu’à rétablissement des conditions normales de cette route transocéanique, à savoir des vents établis et posés d’Est-Nord-Est.

Premier coucher de soleil
Premier coucher de soleil
Décontracté
Décontracté

Vers le 15-16 janvier, nous constatons que ces conditions sont de retour. Seul problème, les vagues ne sont toujours pas dans le bon sens. Et naviguer avec de grosses vagues dans le nez, non merci ! Et les dépressions se suivent en haut, certaines très violentes. Selon certains navigateurs habitués de ce parcours, il n’est pas exclu que l’une ou l’autre descende et perturbe à nouveau notre route. Que faire ? La traversée prenant peu ou prou deux à trois semaines, et les prévisions météo étant à peu près fiables à cinq jours, soit nous nous installons au Cap Vert, soit nous prenons le risque de partir. Après trois semaines sur place, nous avons des démangeaisons et souhaitons reprendre la mer. Une dernière consultation de la météo à partir de quatre sources différentes nous donne l’impression qu’on peut y aller. Et nous partons dimanche matin 17 janvier à 2h30 TU(*), donc de nuit. Initialement, nous avions prévu de quitter Mindelo vers 23h30 TU le samedi soir, mais comme je suis le champion de la procrastination, je voulais encore finir mon précédent billet de blog et les galeries qui vont avec.

Le blog est à jour et la première nuit est derrière
Le blog est à jour et la première nuit est derrière

Samedi, fin d’après-midi :

  • Bon, t’en as pour combien de temps, avec ton blog ?
  • Oh, 2 ou 3 heures maximum.
  • Parce qu’on doit encore faire le plein de gasoil et la station ferme à 18h et le restera jusqu’à lundi.
  • Bon, alors on va faire le plein et on va se mettre au mouillage, le temps que je finisse.

Samedi, vers 21h :

  • Alors ce blog, c’est terminé ?
  • Pas tout à fait, j’en ai pour encore une heure, une heure et demi grand maximum.

Où quand le report de délai devient un art. Finalement, nous avons levé l’ancre le dimanche matin très tôt, juste avant que Fabrice, qui n’en pouvait plus d’attendre, ne se mette à fignoler les recoins du bateau à la brosse-à-dents !

Le tangonnage version Amel
Le tangonnage version Amel

Sorti de la baie de Mindelo, nous avons filé entre Sao Vicente et Santo Antao, avant d’arrondir au 265°, cap direct sur la pointe sud de la Martinique. Alors que nous nous apprêtions à laisser Sao Antao derrière nous, première mauvaise surprise, le vent de Nord-Est que nous avions eu dès le départ a basculé Ouest. Nous l’avons donc dans le nez ! Nous mettons le moteur et avançons à quatre noeuds, bousculés dans la vague. Ca va durer deux heures et demie avant que le vent ne reprenne sa direction originale de Est-Nord-Est. Dès cet instant elle ne variera plus que très légèrement.

Lever de lune
Lever de lune

La traversée de l’Atlantique, c’est un peu le dictionnaire des idées reçues en navigation. En premier lieu, les vents. Tu verras, une fois au Cap Vert, le vents sont établis Est à quinze, seize noeuds et ça ne bouge pas. On dit dès lors que les alizés sont posés. Sauf que, comme on l’a vu, il suffit qu’une grosse dépression de celles qui balaient l’Atlantique Nord entre les USA et la Bretagne descende et c’est tout le régime des alizés qui est perturbé.

La journée, il est bien agréable de pouvoir s'abriter du soleil. Ca tape sec !
La journée, il est bien agréable de pouvoir s’abriter du soleil. Ca tape sec !

Seconde idée reçue, la houle. Tu verras, la route des alizés, c’est une jolie houle très longue qui monte et descend presque dans l’axe longitudinal du bateau, un peu comme une poitrine se soulève au rythme de la respiration. Eh bien, en douze jours, on ne l’a eue que pendant trente-six heures avec des vents faibles de huit à neuf noeuds. Pour le reste, on s’est tapé une mer courte et croisée de deux à trois mètres qui nous arrivait dessus de gauche, de droite et de l’arrière dans des vents de quinze à dix-huit noeuds avec quelques rares rafales à plus de vingt noeuds.

  • T’as vu ces vagues ? On a combien de noeuds de vent ? vingt-cinq ?
  • Nan, on a treize noeuds, là…
  • Purée, on dirait qu’on est en Méditerranée !
  • Ouais, sauf qu’on n’a pas les airs qui vont avec…

Cette rengaine va nous accompagner pendant presque tout le voyage.

Fabrice prend la météo en fin de journée
Fabrice prend la météo en fin de journée

Troisième idée reçue, les réglages du bateau. Tu verras, tu pars du Cap Vert, tu tangonnes le génois, tu envoies la grande voile en ciseau avec une retenue de bôme et tu es bon jusqu’en Martinique. Le reste du temps, tu manges, tu lis, tu bronzes, ou tu dors. Franchement, je ne sais pas comment font les autres, mais nous, on a navigué. Je veux dire par là qu’on était tellement bousculés par la mer, qu’on s’est vite rendus compte que la seule manière d’avoir un peu de confort, c’était de garder la vitesse du bateau au-dessus de sept noeuds. Pour ce faire, on a pas mal changé les combinaisons de voiles et surtout utilisé une voile que presque personne n’ose envoyer sur une traversée : sa majesté le spinnaker ou usuellement appelé le spi. Pour les profanes, il s’agit d’une grosse voile ballonnée qu’on envoie tout à l’avant du bateau et qui est assez libre, dans la mesure où elle n’est pas fixée à un espar, comme le foc ou le génois qui sont endraillés sur un étai, simple câble qui va de la pointe du bateau au sommet du grand mât.

Spi et boulonner d'artimon
Spi et balloonner d’artimon
On l'aura amortie, celle-ci !
On l’aura amortie, celle-ci !

Cette voile assez mobile permet de bonnes vitesses au portant (allure où le vent vient de l’arrière du bateau), mais elle augmente les embardées du bateau dans une mer formée. On a donc essayé de compenser ces mouvements parasites en utilisant le génois ou la grand-voile ou la voile d’artimon en ciseau, afin de stabiliser le bateau. Selon l’état de la mer, des fois ça marchait bien, des fois pas du tout. Mais de façon générale, le spi a été utilisé sur au moins 60% du voyage. On l’affalait presque chaque nuit, pour des raisons de sécurité (On ne voit pas les grains arriver et si on se prend trente-cinq noeuds dans le spi, on se met au tas – le bateau part au lof et se couche dans l’eau – et la voile a toutes les chances d’exploser comme une bulle de de chewing-gum), mais on la remettait dès que possible. Et on n’a pas vu l’ombre d’un grain. A peine quelques gouttes par deux fois, avec un léger forcissement du vent à vingt-cinq noeuds.

Ca avance bien...
Ca avance bien…
Salut tout le monde !
Salut tout le monde !

Résultat, on a mis moins de treize jours pour traverser, avec un bateau lourd (quinze tonnes avec les pleins) et réputé pataud et donc peu véloce. A partir de la moitié du trajet, on a d’ailleurs dépassé plusieurs bateaux partis avant nous.

 

  • T’as vu, on a un bateau sur l’AIS, sur notre tribord à cinq miles. C’est qui ?
  • Attends, je regarde… Oh, mais ce sont les Suédois d’Archipelago. Ils sont partis presque deux jours avant nous, ils étaient au ponton à Mindelo. C’est un Sun Odyssey 43.
  • Quoi ? Mais ils sont bien plus rapides que nous en théorie !
  • B’en oui, mais bon, ils n’ont peut-être pas de spi.
Fabrice en action à la cuisine !
Fabrice en action à la cuisine !

Ce petit dialogue a eu lieu plusieurs fois entre le sixième et douzième jour. Cerise sur le gâteau, en arrivant sur la pointe sud de la Martinique, on a littéralement laissé sur place deux Super-Maramu qui nous rendaient presque trois noeuds. Bon, il faut dire que quand on a vu qu’il s’agissait de deux Amel, on s’est un peu mis en mode régate, juste pour le plaisir de dépasser deux « grands frères ». Le spi pour nous, le génois tangonné pour eux ! Et ils font deux mètres de plus que le Santorin… Bref, tout ça pour vous dire que Fabrice et moi sommes quand même plutôt fiers de notre traversée, surtout qu’il s’agissait pour lui, comme pour moi, d’un baptême.

Un autre élément qui a pesé dans l’envie de bien faire, c’est un petit défi que nous avait lancé, l’air de rien, notre ami du ponton F, Pierre Gripe. Ce vieux loup de mer à la personnalité attachante avait en effet mis quelques treize jours lors de sa traversée en 2010 (sauf erreur) sur un « sister-ship »(**) d’Azymuthe, avec des conditions exceptionnelles de vent de vingt-cinq à trente noeuds tout du long. Honnêtement, pendant la première moitié de notre voyage, nous n’y avons pas pensé. Compte tenu de ce qu’on a eu au départ, il n’était pas question d’envisager de battre ce record. Mais à partir du septième jour, on a constaté qu’on était dans les temps, et même un poil de mieux.

Spectacle océanique
Spectacle océanique
  • Bon, ça forcit un peu, le spi devient limite, qu’est-ce qu’on fait ?
  • On a combien de vent ?
  • Vingt-trois noeuds…
  • Aïe, à partir de vingt-cinq noeuds, on va avoir de la peine à l’affaler… Bon, on met le génois en ciseau avec la grande (voile).
  • Oui, mais on va ralentir d’un bon un noeud et demi !
  • Ok, alors on se prépare et on attend encore un peu et on verra. Si ça dure, on affale, sinon, on garde le spi.

Trente minutes plus tard…

  • Tiens, c’est redescendu à seize noeuds, on est à nouveau assez stables…
  • On a bien fait de ne pas affaler !

Sourires entendus…

Lever de soleil sous les nuages
Lever de soleil sous les nuages

Ou encore :

  • Dis, on a l’alternateur d’arbre ? (***)
  • Ouais, faut bien recharger les batteries, on consomme pas mal, et la BLU, ça pompe beaucoup.
  • Ouais, mais je sais pas si tu as vu, on n’avance plus qu’à 6.5 noeuds…
  • Bon, ok, on l’enlève, mais tu pédaleras pour la météo avec la BLU !
  • Meuh nooon, on le remettra dès qu’on est à 8 noeuds de moyenne…
On a hésité avant de le refiler aux poissons...
On a hésité avant de le refiler aux poissons…

Et à part ça ? Le mal de mer, la nourriture, le repos ?

Eh bien, disons-le tout de suite, ça n’a pas été évident. Les trois ou quatre premiers jours, j’ai vraiment pas été bien du tout. Descendre dans le carré relevait du courage stomacal, faire à manger, tout simplement impossible. Heureusement, Fabrice s’est amariné bien plus vite que moi et a donc assumé les repas, plutôt frugaux pour moi. Contrairement à ce que l’on pense, le mal de mer est bien plus violent l’estomac vide que plein. Je me suis donc forcé à manger, sans aucun plaisir. Pour Fabrice, c’était pas génial non plus, mais il s’en est sorti bien mieux que moi.

Derniers rayons du soleil sur l'horizon.
Derniers rayons du soleil sur l’horizon.

A cause de nos estomacs barbouillés, la réserve de Coca a diminué rapidement, nous laissant « à sec » à partir de la moitié de la traversée. Nous avons fait une grande consommation de thé et lait condensé sucré pour moi et de tisane pour Fabrice. Les gens qui viennent sur un gros voilier stationné dans un port ou qui font une promenade d’une après-midi sur une mer plate avec douze noeuds de vent, ont de la peine à imaginer ce que représentent plusieurs jours de navigation ininterrompue sur une mer difficile. Se faire un thé ou un café relève de l’acrobatie pure. J’en vois qui rigolent, mais imaginez tenir la bouilloire dans une main, la tasse dans l’autre et vous stabiliser dans un bateau qui oscille de vingt-cinq degrés sur chaque bord toutes les cinq secondes. Dès lors, se faire à manger devient un défi permanent. Nous avons donc mangé beaucoup de pâtes, un peu de röstis et goûté quelques conserves… Franchement, les seules conserves mangeables (j’allais dire comestibles), ce sont celles qui proposent les petits-pois-carottes. La palme de l’immangeable, c’est sans aucun doute les épinards de chez Super-U ! Moi qui commençais à aller mieux, j’ai bien cru que… C’est bien simple, même les poissons n’en ont pas voulu !

Tranquille, mais fatigué.
Tranquille, mais fatigué.
Atterrissage raté !
Atterrissage raté !

A propos de poissons, tous les matins, nous avons trouvé entre trois et six poissons volants morts sur le pont. A croire qu’ils ne sont pas équipés de la vision infrarouge ! Fabrice en a même évité un de justesse alors qu’il faisait sa gym sur le pont arrière. Il l’a délicatement remis à l’eau. Nous en avons vu un banc entier qui devait fuir des prédateurs. Il faut reconnaitre que c’est assez étonnant de voir ces poissons sortir de l’eau et voler parfois sur plusieurs dizaines de mètres avant de replonger dans l’onde. Il parait que c’est vraiment pas terrible à manger. Moi qui n’aime que modérément le poisson, je ne m’y serais risqué sous aucun prétexte !

Nature morte
Nature morte

Après cinq jours de navigation, c’est Fabrice qui s’est trouvé mal et qui avait de la peine à rester dans le carré. J’ai donc partiellement repris les commandes de la cuisine, enfin, quand je dis la cuisine, c’est un bien grand mot. Deux platées de röstis, quelques pâtes et des soupes, qui elles, étaient excellentes. J’en avais acheté une cargaison à Port-Camargue avant le départ en octobre et n’en avais que très peu mangées jusqu’ici. Nous avons aussi mangé pas mal de bananes, achetées au Cap Vert. Succulentes. Tout comme les yaourts capverdiens. En revanche, il faut éviter les biscuits fabriqués dans l’archipel. Mous à l’extérieur et durs à l’intérieur, c’est à peine mieux que des friandises pour chien. J’en ai gardé un stock (ça se garde cinq ans !) pour la survie et appâter les poissons. Nous avons aussi bien entamé les réserves de confiture. Avec du beurre et du pain, puis des biscottes, ça nous faisait des encas bien appréciés, et pas seulement au petit déjeuner.

Fabrice vient de lire un message de Valérie !
Fabrice vient de lire un message de Valérie !
Dans le rythme et dans la vague, Azymuthe est heureux, son équipage aussi !
Dans le rythme et dans la vague, Azymuthe est heureux, son équipage aussi !

Si Fabrice a plutôt très bien dormi dans l’ensemble, j’ai, de mon côté, eu de grandes difficultés à me reposer. Alors que cet aspect du voyage en bateau ne m’avait jusqu’ici posé aucun problème, je n’ai pas réussi à trouver un bon sommeil durant les huit premiers jours, ou plutôt premières nuits. En fait je n’ai jamais vraiment pu dormir. J’ai surtout somnolé, ne parvenant pas à trouver un cycle de sommeil complet pendant une semaine. Résultat, une irritabilité augmentée, des bêtises ou des erreurs comme se renverser de l’eau bouillante sur la main (quand je vous disais que c’était pas évident de se faire un simple café…), oublier de se tenir et valser dans le carré, se ramasser le tangon sur le crâne et rester hébété pendant de longues secondes, se prendre les pieds nus dans un taquet de pont (les poissons de l’Atlantique entendent encore mon cri de douleur et de mauvaise humeur) ou encore oublier de raccorder l’ordinateur à la BLU pour prendre la météo et envoyer / recevoir les mails. Ce ne sont que les derniers jours que j’ai enfin pu vraiment me reposer et dormir. Mais malgré cela, j’ai apprécié et dégusté chaque moment de cette traversée.

A 7 noeuds dans le le soleil couchant
A 7 noeuds dans le le soleil couchant
Pleine lune
Pleine lune

En mer, nous découvrons des choses qu’il est impossible d’immortaliser par l’image, comme ces baleines ou ces orques qui brusquement sautent hors de l’eau et se laissent retomber dans une énorme gerbe d’écume. Ou comme ces bancs de poissons volants qui passent en rase-mottes devant l’étrave. Le temps de se jeter sur l’appareil et le spectacle est terminé. Quant à la voûte céleste si brillante dans l’obscurité totale du milieu de l’océan ou un lever de lune à l’horizon, énorme disque oranger qui pâlit et blanchit en quelques minutes à mesure qu’il monte dans la nuit, ce sont des instants magiques que nous seuls vivons et qui nous appartiennent, égoïstes récompenses pour le navigateur hauturier. Certes, il y a les mots pour tenter de vous faire partager ces instants, mais ce ne sont que des mots, bien fades en regard de ce que nous avons vécu et partagé.

Salut les gars et merci de la visite
Salut les gars et merci de la visite

Dernière belle surprise en arrivant vers la Martinique, nous avons eu la visite d’un banc de dauphins, l’avant-dernier jour de navigation. Une chose qui nous a étonnée, c’est que nous avons vu des oiseaux presque chaque jour. Près des côtes, c’est assez logique, mais à deux mille kilomètres de n’importe quelle terre, c’est assez surprenant. Fabrice pense qu’il profitaient de la nuit pour se reposer sur le bateau, mais nous n’avons trouvé aucune « trace » sur le pont ou le bimini. Mystère…

Dernier coucher de soleil avant la Martinique. Il est 23h TU...
Dernier coucher de soleil avant la Martinique. Il est 22h TU…
Tiens, on a de nouveau du réseau !
Tiens, on a de nouveau du réseau !

Arrivant au bout de ce long billet, j’aimerais encore vous parler de Fabrice qui a partagé cette aventure avec moi. Après Pascal, puis Joël, puis Stéphane et Paolo, il était donc le cinquième à m’accompagner pour un bout de chemin. J’ai eu un énorme plaisir à partager ces douze jours et demi de navigation en sa compagnie. Et pas seulement la navigation. Les visites, la vie et le travail sur le bateau ou les repas pris à terre ont été source d’échanges conviviaux et fructueux. Humainement, c’est une perle rare. Nous nous sommes découverts pas mal de points communs, une belle rencontre qui faisait suite à la prise de connaissance de l’an dernier sur le ponton F à Port Camargue.

Pleine lune diurne
Pleine lune diurne
Cockpit nocturne
Cockpit nocturne

Marin confirmé avec plus de dix ans d’expérience derrière lui, il a été charmant, toujours de belle humeur et d’une aide précieuse à bord. Ayant navigué de nombreuses années sur un Maramu, « cousin » du Santorin, il connait les subtilités des voiliers Amel par coeur. J’ai énormément appris en sa compagnie sur ces bateaux un peu particuliers. Ce, sans parler de l’aide apportée pour les réparations, en particulier le changement du chauffe-eau et le démontage du moteur d’enrouleur de génois, ici en Martinique. Il a en outre compris et résolu les problèmes électriques du bord. Comme je l’avais déjà fait avec François et Magga, j’ai profité de « faire l’éponge » et d’emmagasiner le plus d’informations possibles concernant mon bateau. C’est un sentiment très sécurisant de pouvoir naviguer avec quelqu’un d’aussi affûté et calme en toutes circonstances. Une belle leçon pour moi. Fabrice, tu reviens quand tu veux !

La Martinique est en vue
La Martinique est en vue
Contraste... ;-)
Contraste… 😉

Seul regret, alors qu’il était prévu que son épouse Valérie nous rejoigne ici pour profiter de l’archipel et de son climat hivernal si doux pendant quelques semaines, il a dû rentrer en France métropolitaine trop vite afin de retourner auprès d’elle qui a eu quelques complications ensuite d’une opération dite « de routine ». Il vient de m’envoyer un image de lui à St-Etienne, je vous la joins afin que vous compreniez le choc thermique qu’il a affronté en moins de douze heures. Après un mois passé en t-shirt ou à torse nu, ça ne doit pas être très agréable de remettre veste d’hiver, gants et bonnet.

C'est beau un océan calme...
C’est beau un océan calme…

Voilà, en ce qui me concerne, j’en ai fini avec les longs périples hauturiers. Les Antilles étaient mon premier but de voyage pour cette saison. Jusqu’à fin mai, je vais me promener dans l’archipel, accueillir des visiteurs à bord, rejoindre des amis et connaissances en Guadeloupe et surtout profiter de la douceur des Caraïbes. Parce que je suis maintenant dans cette mer et non plus sur l’Atlantique. Les petites Antilles forment la « frontière » entre l’océan et toute la partie qui va jusqu’en Amérique centrale. Dans mon imaginaire d’enfant, les Caraïbes, c’est la flibuste, Barbe-Noire, la mer toujours bleue et transparente, les plages, la chaleur et l’aventure. J’en ai rêvé, j’y suis, je vais en profiter. A très bientôt.

Le mouillage du Marin
Le mouillage du Marin

P.S. Quelques puristes me feront sans doute remarquer que le titre de ce billet est anglophone, et que, bon sang, j’écris en français, donc pourquoi ne pas titrer « Traversée de l’Atlantique » ? Il s’agit d’un clin d’oeil à Rod Stewart à qui j’ai emprunté le titre éponyme d’une célèbre chanson et album pour illustrer la vidéo de ladite traversée. Quoi ? vous ne trouvez pas la vidéo ? Normal, elle est en cours de montage. Patience…

(*) Pour mémoire : TU = Temps Universel = GMT

(**) « sister-ship » = bateau identique, ici un Amel Santorin gréé en sloop  (un seul mât).

(***) Sytème d’alternateur qui est couplé à l’arbre de l’hélice du moteur principal et qui permet de faire de l’électricité, et donc de recharger les batteries quand on navigue à la voile. Son utilisation ralentit le bateau de presque un noeud.

12 jours et 13 heures de navigation ensemble, ça crée des liens !
12 jours et 13 heures de navigation ensemble, ça crée des liens !
On a dégusté ça avec un grand plaisir !
On a dégusté ça avec un grand plaisir !

10 thoughts on “Atlantic Crossing

  1. Bravo ! belle plume. Quand je pense que mon dernier exploit maritime c’est d’avoir mangé la fondue sur la CGN hier soir….avec un lac calme 😉 ! Bises de Suisse où on a failli avoir un jour d’hiver hier !

  2. Tu me fais rêver, mon cher Oli! Ah, comme je regrette de n’avoir pas été dispo pour vous accompagner: peu sensible au mal de mer, j’aurais été, au moins, un cuisto et au plus, un mousse j’espère assez acceptable…Je suis heureux que tu n’aies pas eu de problème de santé et autre ganglion puisque tu n’en parles pas. Heureux aussi que vous vous soyez bien entendus, ce n’est pas évident lors d!une longue traversée surtout quand tout n’est pas facile? Donc bravo pour cette belle amitié! Je t’embrasse et espère te revoir bientôt.

  3. Bravo Olive !
    A nouveau, un beau récit pour un périple qui n’est pas des moindres. Quelle maitrise tout de même de ton bel Azymuthe, car on comprend bien que se ne fut pas une mince affaire de le faire naviguer à la bonne vitesse, pour son bien et le vôtre.
    Le passage de l’eau bouillante et des boites de conserve, m’a bien fait sourire, je peux vu que vous êtes à bon port, mais sur 12 jours madre dios, des champions vous êtes quoi !
    Que te dire d’autre que je suis très fière de toi, tu mérites cet exploit, puisses-tu te reposer et continuer à visiter toutes ces plages paradisiaques avec dorénavant le minimum de panne et autres sales petites bêtes qui voudraient à nouveau te mettre des bâtons dans les voiles………
    Bises Cate

  4. Super Oli! et quel texte mazette! 🙂 J’espère que tu as pu faire de belles vidéos, qu’on puisse monter quelque chose cet été! 😛
    Toute bonne continuation de périple mon ami!

    SANTE et au plaisir de te lire bientôt!

  5. Salut l’ami
    Merci pour le partage de votre traversée et même si j’adore m’y retrouver à travers la lecture comme toutes les histoires de pirates, de marins et autres aventuriers des océans que j’ai pu dévorer, jamais tu me retrouveras à tes côtés, sur ton voilier, à part pour traverser le lac de Neuch. Par vent arrière et sous une pleine lune.
    Sur que j’aurais aimé être présent à certains moments afin d’immortaliser par l’image ce qui est beau, mais les roulis et autres tangages auraient eu raison de mon estomac qui supporte à peine nos lacs suisses.
    Je suis content de te savoir arriver de l’autre côté de cet océan et suis sûr que tu sauras profiter de ton temps là bas.
    Pour ma part, je m’envole ce soir pour l’Argentine. Je te ferai un coucou en te survolant.
    Je t’embrasse l’ami
    Nico

  6. hello toi !

    j’adore m’asseoir devant mon écran, siroter un thé et embarquer dans tes aventures.

    Aujourd’hui, particulièrement. Je vois tes images d’îles et derrière la fenêtre, les flocons tombent.

    Merci et prends soin de toi.
    Bisous
    Have fun

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